Fiction et docufiction – Le passé national-socialiste dans le "Dokudrama" allemand contemporain : resémantisation des signes et saturation de l’image

International audienceLes films sur le national-socialisme fleurissent dans l’Allemagne réunifiée. L'article analyse différentes formes de docudrames/docufictions allemands depuis 1990 qui, par des moyens importants et en s'inscrivant dans une logique de l'événementiel, attirent un grand public. Trois groupes de films se distinguent par leurs caractéristiques thématiques, temporelles et spatiales : les films qui s'intéressent essentiellement à Hitler, à ses complices et à la population allemande pendant la guerre ; ceux sur la RDA qui ne s'intéressent qu'à trois dates − 1953, 1961, 1989 − ; enfin, ceux qui se déroulent en Allemagne de l'Ouest et qui sont parsemés de miracles à l’instar du film emblématique "Le miracle de Bern" (2003). Les productions sur l'époque national-socialiste utilisent différents procédés, comme par exemple le recours aux témoins et la mise sur un même niveau de témoins victimes et de témoins anciens soldats SS. Ils se définissent par une économie d'échange qui caractérise le rapport entre les trois éléments – images d'archives, témoignages et reconstitutions – et leur autojustification mutuelle, dont résulte une esthétique du sur-visible et du trop-plein. Le film "La Chute"(2004) rassemble à lui seul toutes les stratégies d'appropriation et de resémantisation des signes attachés à la Shoah qui sont la caractéristique de ces productions. Y compris une réécriture iconographique de l'histoire qui « libère » les images de leur poids historique. Ainsi le révisionnisme opère à l'intérieur des signes eux-mêmes